Ce matin-là, Matteo reçoit une lettre qui le touche au cœur, lui que plus grand-chose ne touche : là-bas, en Italie, sa tante Flora est en train de mourir.Ici , de l’autre côté des Alpes, il n’est plus bon à rien, ni à personne, et surtout pas à sa femme et à sa petite fille. Alors il décide d’aller voir une dernière fois zia Flora. Et reprend, seul, la route de son village natal, vers l’unique souvenir tendre de son enfance – la meilleure part de lui-même.

 

Extrait : « Matteo s’assoit, le visage tourné vers le couloir d’où lui parvient la voix flûtée de Léa, petite musique pas prétentieuse, deux trois notes élémentaires, câlines et singulièrement nostalgiques. Qui l’apaisaient, autrefois, mais font mal aujourd’hui, lui rappellent qu’il a bousillé ça, aussi – lui et sa fille. Ses lèvres tressaillent. Sabine scrute la nuque brune, les deux sillons parallèles, devine les traits amochés par l’alcool et les pensées plus lourdes que des pierres.
Elle le regarde et ne parvient pas à se décider. Faut-il qu’elle lui parle de la lettre ? De Flora ? Lui dire qu’elle sait, qu’elle est désolée, que… Que quoi ? A peine ébauché, le dialogue s’étiole et meurt. Ce n’est pas facile de quitter quelqu’un qu’on a aimé à ce point-là. »