Avril 2024

Barbarie (chemin de Compostelle, avril 2024)

Nous marchons

et notre pas jusqu’ici aérien

se fait soudain lourd.

En ce lieu

des hommes aux cœurs gonflés de colère

des hommes intranquilles

ont rudoyé la terre.

Sol écorché.

Branches moignons.

Nous progressons sans un mot sur ce champ de bataille

une main épaisse

sur nos épaules.

 

Sans titre (dans le train entre Saint-Étienne et le Puy-en-Velay, avril 2024)

Depuis toutes ces années

Et encore aujourd’hui

Ton corps nu contre le mien

Un merveilleux cadeau

 

Sans titre (curieuse réminiscence en passant l’aspirateur, avril 2024)

Dans la vie c’est au premier qui encule l’autre

philosophait mon coiffeur

un monsieur entre deux âges au souffle empêché

et à l’odeur corporelle tenace.

Il se peut que l’accumulation de telles remarques émises

par un artisan capillaire

fasse qu’un triste matin

on se réveille

chauve.

 

Sans titre (en regardant tomber une pluie mêlée de neige quelques jours après la mort du chat Marcello, avril 2024)

Vieux singe longiligne

de moment mal fichu en instant approximatif

je clopin-clopine dans une journée poisseuse.