Tommy Œil de Lynx vient chercher Lila et Hugo à Paris pour les emmener avec lui dans le monde des pirates. L’équipage de La Crevette agile a besoin d’aide : Gronaze a trahi et L’île Sans Nom a été envahie par Raoul et ses Diables Rouges. Une partie des pirates, faits prisonniers, croupit sur un bagne flottant pendant que Triplefesse déprime à Tortuga. Une seule solution : attaquer par la ruse la forteresse du prince Raoul, libérer les frères et sœurs de la côte et régler son compte au passé…Revoilà nos deux héros aux prises avec des traîtres. Déjoueront-ils les sombres machinations de leurs ennemis ?
Extrait :
« Le retour à la vie de collégiens, après leurs palpitantes aventures dans le monde des
pirates, fut peu évident pour Lila et Hugo.
Le train-train quotidien leur inspirait un ennui profond. Comment se passionner pour le
théorème de Pythagore, la reproduction des gastéropodes en milieu naturel ou le shopping
en famille aux Galeries Lafayette, quand on a affronté des tempêtes en furie, assisté à des
combats à l’épée, nagé dans les lagons couleur émeraude de l’Île Sans Nom ?
Ils perdirent une bonne partie de leur enthousiasme pour les soirées pizzas et films d’horreur,
les sorties à la patinoire ou les avalanches de selfies sur Facebook.
Pour la première fois, ils faisaient l’expérience du sentiment de nostalgie. Hugo, toujours
aussi amoureux de Lila, dessinait à la chaîne des drapeaux pirates dans ses cahiers,
regrettant l’époque où ils ne se quittaient pas d’une semelle, liés par une incroyable
complicité, une admiration mutuelle… et bien plus encore.
Lila, elle, soupirait en zieutant le ciel tristounet de Paris par les fenêtres, morose, comme
déracinée. Leur seule vraie satisfaction était d’avoir privé l’affreux Norbert Gronaze de son
principal soutien, Kevin Potiron. Ce dernier, discret et agréable, s’était trouvé un nouveau
cercle d’amis.
Mis à l’écart, hors d’état de nuire, Norbert rumina quelque temps sa rancœur, crachant à
mi-voix, quelques « bouboule », « gros lard » et autres « gras du bide » dans la direction
d’Hugo. Puis il parut se détendre et se mit même à arborer un sourire plein de malice
lorsque son
regard croisait celui de ses ennemis.
– Il m’inquiète, remarqua Hugo, témoin d’une de ces œillades. Il mijote quelque chose,
parole de cuisinier !
– Tu te fais des idées, répondit Lila.
La main du garçon toucha machinalement son porte-bonheur, la dent de requin pendue à
son cou. »