Là où je vais

Il suffit parfois de 3300 secondes pour que tout bascule. Léa, Ilyes, Clément et Océane, élèves au même lycée, vont en faire l’expérience. Ils se connaissent à peine mais ce jour-là, le temps d’un cours, chacun verra sa vie transformée. Quatre voix d’adolescents à la croisée des chemins.

Extrait :

« Trop conne. Je me sens vraiment trop conne. Pas le moindre signe, rien. Elle m’ignore. Je
suis transparente. À tout prendre, je crois que j’aurais préféré son mépris. Une moue de
dédain. De la moquerie, même. N’importe quoi plutôt que ça.
Qui a dit que l’on existe seulement à travers le regard de l’autre ?
La nuit dernière, après avoir envoyé ce message sur Facebook, un message dans lequel
j’avais pesé chaque syllabe, j’ai mis des heures à m’endormir. Des heures pendant
lesquelles j’ai élaboré je ne sais combien de scénarios possibles. Avec, chaque fois,
d’infimes variations. Mais étrangement, pas celui-ci. Le scénario du vide. Je n’avais pas
anticipé ce désert. Sans doute que j’y croyais, à notre histoire.
Trop conne, vraiment trop conne.
Quand je pense que ce matin, en montant les escaliers, mes jambes me portaient à peine
tant mon cœur cognait violemment, à déchirer ma poitrine.
Et pour quoi, hein, pour quoi ?
Dans ma boîte crânienne, c’est le maelström, un grand bordel fait de frustration, de colère,
de désir, d’envie et de douleur.
Et en même temps, c’est d’un banal : je l’aime à en crever – et elle s’en fout. »