2014 : Prix ados Rennes/Ille-et-Vilaine
Fruit d’un amour de passage, Léo ne sait rien ou presque de son père.
Tout au plus un prénom et qu’il est américain. Claire, sa mère, ne lui a jamais avoué qu’elle entretient en secret des liens réguliers avec lui.
Difficile de dire à son fils que son père est en prison. Mais Léo découvre la vérité. Commence alors une correspondance entre Léo et Ben, une rencontre épistolaire pleine de pudeur et de franchise.
Extrait :
« La petite chambre baigne dans une semi pénombre.
Les rideaux, opaques, sont tirés devant la fenêtre.
Des mégots s’amoncellent en pagaille dans un cendrier en bakélite,
posé à même le sol. La moquette a brûlé en plusieurs points.
Ils forment un arc de cercle presque parfait autour du lit.
Jusqu’à hier, Léo n’aurait jamais fumé chez sa mère.
Jusqu’à hier, on aurait dit de lui qu’il était un ado sans problème.
Sans problème particulier.
À présent, le monde entier – ce en quoi il a pu croire, un jour – s’est disloqué, croule sous
des tonnes de décombres.
Il se sent perdu, étranger à lui-même, ne reconnaît rien. Plus de repère.
Juste cette affreuse certitude d’avoir été trahi.
C’est pourquoi, aussi longtemps que sa mère s’entêtera dans son silence et ses mensonges,
il est bien décidé à lui « pourrir la vie ».
Tout autant, estime-t-il, qu’elle lui pourrit la sienne.
Le portable clignote d’une couleur vive, il vibre, puis remue insensiblement, semblable à un
gros insecte.
Léo est entortillé dans les draps, le visage enseveli sous l’oreiller.
Il lui a fallu des heures, cette nuit, pour sombrer à bout de forces dans un sommeil lourd,
sans rêve.
Sa salive fait une auréole sur la housse de l’oreiller.
Les gros chiffres rouges du radio-réveil marquent 09:41. Léo s’étire enfin.
Il coule ses doigts écartés en éventail dans la jungle de ses cheveux.
Sa gorge le brûle. Trop de tabac. Et la nausée qui va avec. »